Singing after the rain [libre]

Je soupirais sous le petit porche de la vieille bâtisse de style grec où j’avais trouvé refuge quand la pluie avait commencé à abattre son courroux dans le dédale des rues de la ville, jusqu’alors surpeuplée et qui en un instant s’était vidée comme si la pluie la lavait des touristes et des habitants.

Les seuls magasins ouverts ce jour-ci avaient fermé leurs portes à l’approche de la « tempête », car pour eux, un temps maussade et pluvieux était signification de peu d’affaires ici où le Soleil faisait, la plupart du temps, loi. Idiot en un sens, car les touristes pullulant s’abriteraient sous leurs toits et profiteraient de leurs temps pour dépenser leur argent en des babioles insignifiantes et des souvenirs qu’ils jetteront une fois rentrés dans leurs pays …

Pourtant, l’acropole qui se détachait du reste de la ville par la blancheur de ses pierres détruites, semblait noyée sous un brouillard quelque peu mystique, ressemblant par-là à Jamir pendant les jours les plus brumeux du Tibet…

Revenant à l’instant présent et relevant les yeux vers le ciel à présent plus clair, je m’avançais d’un pas peu aguerri dans la rue en soupirant une nouvelle fois. Ce pourquoi j’étais venu n’avait plus de sens désormais, et il fallait que je me débrouille avec ce que j’avais pu trouver… Pour une des seules fois où je venais à Athènes, la chance ne m’était pas favorable.

Me faufilant entre les passants qui commençaient à affluer de nouveau à cause de l’arrivée soudaine du soleil, j’aperçus entre eux, l’éclair bleu pâle d’une chevelure assez bien connue au Sanctuaire. Me dépêchant de le rattraper, je ne pus m’empêcher d’apposer une main sur son épaule.

« Aphrodite ?! »

Bon début…. C’était bien lui. Cela m’évitait un petit moment de solitude au milieu d’une place d’habitude trop densément peuplée.

« Il est rare de te voir en plein Athènes, enfin… en pleine journée du moins. »

Quel idiot je faisais, a parler ainsi de la pluie et du beau temps.
Pour ma propre défense… Je ne pouvais dire que j’ai eu beaucoup d’occasion de parler plus ou moins amicalement avec lui, dans un lieu plus conventionnel que le Sanctuaire, donc… une telle énormité pouvait passer !

« Je peux te tenir compagnie un moment ? »

Qui ne tentait rien n’a rien… non ?

Une main sur l’épaule, une crispation, un moment de panique, un frisson d’anticipation. Sur le coup je n’ai pas reconnu la voix de la personne qui vient de m’interpeller, et le contact soudain qui m’est imposé m’empêche de réfléchir. Je dégage mon épaule comme si je m’étais brûlé et je me retourne, mon cosmos est inconsciemment passé à la défensive, il est froid et dur comme de la pierre, il barre mes émotions mieux qu’un crystal wall…. En parlant de crystal wall…

Mü… Je réalise que c’est lui qui m’a touché l’épaule. Il a dut être outré de ma réaction… moi qui suis assassin, toujours sur mes gardes, surtout depuis qu’en plus de mes meurtres, on me reproche ma trahison. On ne me surprend pas si facilement. Mais mon esprit était bien loin de Mü et du semblant de foule qui recommence à affluer partout dans la ville. Merde je suis vraiment hors du coup.

- « Ah Mü ! »

Ma voix ne tremble pas mais la précipitation avec laquelle je parle témoigne de mon trouble. Je le sens et je m’impose le calme.

- « Je… je peux te retourner la remarque »

Je m’efforce de sourire, je dévoile mes dents parfaites et bats légèrement des cils. Je ne cherche pas à séduire, mais ce personnage charmeur et jovial est un masque efficace et c’est ainsi que me connaissent presque tous mes confrères, à part DeathMask, Shaka et Saga.

- « En fait je profite de l’absence du soleil pour me balader, je ne supporte pas le soleil » J’esquisse un geste pour mettre en évidence mon teint de lait. « Il n’est pas le meilleur ami des nordiques. Et toi ? Qu’est-ce que tu fais ici ? »

Je me détends un peu et mes barrières se baissent enfin, mais me savoir accompagné ne me rassure pas plus que ça. C’est raté pour la journée de shopping peinard à déambuler sans but dans les rues de la cité.

Je hausse les épaules à sa question, il veut rester avec moi ? Pourquoi pas après tout. De toute façon je ne retrouverai pas l’état de détente dans lequel je me trouvais avant son arrivée alors autant ne pas s’obstiner. J’irai dans un endroit moins peuplé à la prochaine pluie, voilà tout.

- « Tu as quelque chose de précis à faire en ville ? »

Je le regardais attentivement pendant quelques secondes, les yeux mi-clos en sentant son cosmos sur la défensive. L’aurais-je si violemment sorti de ses pensées, ou l’ai-je tellement déranger dans son entreprise, pour qu’il réagisse ainsi ?

Sans étonnement, il se reprit très vite et adopta son attitude habituelle que tout le monde lui connait au Sanctuaire.

Quelques battements de cils. Un sourire éclatant. Et la masse des passants qui profitent aussi du spectacle.

A ces réactions, je me permis un petit sourire, la surprise était finalement passée, et son attitude n’avait plus rien de défensive – ou peu s’en fallait, pourtant quelque chose continuait à le déranger.

« Athènes est une ville un peu trop… vivante pour moi. Ces moments-là sont appréciables car ils vident la ville. Mais on ne peut empêcher le flot de personnes de revenir. » Dis-je en désignant le ciel s’éclaircissant du menton.

Vivante était un euphémisme pour qualifier la ville. Pour moi qui vivais la plupart du temps reclus du monde extérieur, ce qu’était la ville en pleine effervescence, semblable a une ruche pleine de vie, pourrait presque me paraître effrayante.

« Et bien… j’étais venu pour acheter quelques aliments. » je montais mon sac piteusement peu rempli à hauteur d’yeux « Mais la pluie à autant fait fuir les habitants que les commerçants sur les places ouvertes.»

Si ce n’était pas malheureux… Ce n’est pas un climat comme la Grèce qui allait empêcher quelques pluies de s’infiltrer ici… Enfin si, c’était juste moins courant que dans d’autres pays.

« Plus maintenant, la tâche qui m’était destinée n’a plus lieu d’être. » J’esquissais un sourire à ma phrase. Quelle merveilleuse tâche était celle d’acheter la victuailles ?

« Mais la ville regorge de boutiques sympathiques, surtout dans le vieux quartier, il devrait bien y avoir quelque chose d’intéressant ici-bas ? »

Je n’étais peut être pas le meilleur guide qui soit – ne descendant que rarement, mais j’avais quelques adresses en stock, si d’aucunes s’avéraient peu plaisantes.

Commençant à s’avancer au sein des ruelles, je m’avançais à poser une question... assez peu utile sur le moment, car nous avons tous vécu plus ou moins la même chose, mais un sujet de conversation était toujours le bienvenu.

« N’ayant pas pu suivre toute l’actualité du Sanctuaire jusqu’à présent… Tu aurais quelques nouvelles sur les frasques de nos pairs ? »

Ne disait-on pas qu’Aphrodite était au courant de tout ?